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Lettre intimiste 30 septembre 2022



J'ai essayé de vivre intensément. Que ce soient les voyages, les rencontres, les mets les plus délicieux, il ne reste de chaque moment que de vagues souvenirs dont la saveur a le goût du passé, de l’oubli.

Thoreau invite à gouter la moelle de la vie, de vivre intensément, lui qui vivait la plupart du temps dans la forêt, dans une cabane. Quelle vie intense peut-on espérer ?

Je commence à découvrir l’intensité, l’émerveillement que jusqu’alors j’ai cherché en vain.

L’intensité est là, en fait, juste recouverte d’un ensemble de filtres qui nous empêchent de la savourer. Vous pourrez enchainer les activités les plus plaisantes, apportant les joies les plus intenses, cela reste dans un aspect éphémère et superficiel. Et par nature, ne dure pas.

Vous pouvez courir après toutes les décharges d’adrénaline du monde, ce ne seront que des décharges hormonales qui faiblissent une fois leur action passée.

Vous pouvez ralentir au rythme d’une tortue ou d’un escargot, manger un plat savoureux le plus lentement possible, faire l’amour à un rythme très très lent, la lenteur ne vous amènera pas l’intensité.

Vous pouvez suivre les plus intenses cérémonies, nager dans le sacré ou les plantes anthéogènes ou hallucinogènes, il ne vous reste en fin de compte qu’une expérience qui va s’évanouir dans le passé, avec un potentiel goût d’y retourner.

Car l’intensité vient simplement du fait qu’elle est accueillie. Accueillie en permanence. L’intensité n’est pas dépendante d’un plaisir extérieur, mais d’un processus d’enlèvement des filtres. L’intensité existe par elle-même. Il suffit de l’accueillir. Et pour l’accueillir, il suffit de s’ouvrir à sa présence, même dans les moments où il ne se passe rien… surtout dans ces moments-là.

L’intensité vient naturellement quand nous accueillons le moment présent. Et il y a de nombreuses voies pour accueillir le moment présent. Ce moment présent est précisément accueilli quand les pensées ou les sensations ne sont pas le point de focalisation. Le point de focalisation est derrière tout cela. Derrière toutes ces distractions. Derrière toutes ces illusions crées finalement par des parasites intérieurs qui ne souhaitent pas nous voir heureux.

Le bonheur est accessible.

L’émerveillement est accessible.

La gratitude en est une clé,

et il y a de nombreuses clés,

de nombreuses portes…

Elles ouvrent toutes sur la même intensité : la Vie qui se perçoit.

Car la vie est intense par nature.

Elle est intensité.

Même allongé dans votre lit, au petit matin, à respirer calmement, balayant les pensées passantes grossières, observant les mouvements subtils du corps et de l’esprit, sans rien faire de particulier, l’intensité est présente. Justement là. Quand nous mettons de l’ordre dans ce qui est superflu et ce qui est essentiel. Quand nous revenons à notre nature véritable, ce que nous sommes au-delà de nos histoires, au-delà de nos souvenirs, au-delà de nos conditionnements… au-delà ou en deçà. En plongeant sans retenue dans la présence de la vie. Dans l’émerveillement non pas de ce qui à l’extérieur pourrait nous émerveiller, mais dans le sentiment même d’émerveillement. En réveillant l’être émerveillé que nous sommes. L’être fait pour vibrer, pour savourer chaque instant avec intensité.

Oui les amis, c’est le moment.

Une vibration profonde nous appelle.

Irrésistiblement.

Une vibration si intense que les bavardages et les histoires du quotidien en paraissent fades et si insignifiants.

Si parasitants.

Il est temps de plonger.

De plonger au-delà,

ou en deçà.

Dépasser nos filtres et conditionnements.

Plonger si profondément que cela nous élève,

nous fait fondre dans le jaillissement.

Intensément.

Stéphane



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