Oriandre me reçut chez lui un jour où j’étais stressé. Un ensemble d’évènements s’étaient enchainés et j’avais l’impression de rester enfermé dans mes pensées. Je tournais en boucle les pensées dans ma tête et je restais focalisé sur cette ronde des pensées. Cela me faisait mal à la tête.
Il me reçut avec son habituel sourire franc et jovial.
Je lui expliquais ce qui me menait à lui. Il me demanda simplement « où as-tu mal ? »
J’observais intérieurement, scannant le corps à la recherche d’éventuelle zone douloureuse, notamment à la tête, mais étrangement je ne trouvais aucune douleur.
- Je ne sais pas trop. A priori, je n’ai pas mal.
Il demanda ensuite :
- Alors qu’est-ce que tu as ?
- Je pense beaucoup à un ensemble de problèmes que je rencontre en ce moment. Ça devient obsessionnel tant j’y pense en boucle.
- Bien. Sortons au grand air, asseyons-nous et respirons me proposa-t-il paisiblement.
Nous nous asseyâmes sur un tronc en bord de chemin, afin de voir les montagnes et la forêt sur les pentes en face de nous.
Étrangement, entre le ton de sa voix, sa présence rassurante, son énergie apaisante, un calme ambiant se mit en place, et je m’accordais à cette énergie instantanément. Mes pensées jusqu’alors incessantes avaient stoppé leur flux débordant.
Je respirais calmement.
- Comment te sens-tu ? me demanda le vieux sage.
- Bien. Je me sens bien. Merci.
Cet espace de repos et d’apaisement me faisait grand bien. Il en profita pour me donner un enseignement.
- Nous respirons hors du temps. Nous respirons avec tout ce qui respire et tout ce qui a respiré depuis la nuit des temps.
- Mais Oriandre, l’air que nous respirons a la particularité de la période actuelle, avec ses parfums de modernité ambiants dans l’air. L’air n’est pas le même qu’il y a ne serait-ce qu’un siècle.
Il me regarda le visage ouvert d’un large sourire, avant de reprendre un air plus grave, le regard dans le vide, comme il le faisait parfois quand une énergie semblait le traverser et enseigner à travers lui. Il regarda à nouveau les arbres en face de nous, dans la pente.
- Quand tu mets du citron dans de l’eau, l’eau a le gout du citron, est-ce pour autant que l’eau a disparu ? Lorsque tu respires, tu es dans le présent. Car on ne peut que respirer dans le présent. Tu ne peux pas respirer plus tard dans la journée ou la semaine prochaine, ni même respirer dans le passé. Tu respires dans le présent. La respiration est un mouvement du présent. L’air, lui, contient tous les temps et tous les êtres. C’est le même air que respiraient les dinosaures que celui que nous respirons. Personne n’a enlevé l’air pour le remplacer par un autre.
De même, nous respirons avec toute la création. Avec tous les humains, de tous les temps, avec tous les animaux, toutes les plantes, et même la terre, les roches, les rivières et les mers respirent avec nous. Nous respirons tous ensemble. Sans distinction de forme. Sans barrières ni frontières. Tous ensemble. En même temps. Connectés. Nous accueillons l’air de tous les êtres et nous le rendons pour tous les êtres.
L’air vient en nous. Il nous visite. Nous sommes respirés. Nous sommes visités pour offrir à cet air une énergie.
Il est donc normal que tu souhaites revenir à une forme de paix dans tes pensées. Une forme d’harmonie. Nous cherchons à offrir le meilleur pour tous les êtres. Si tu cultives une lumière intérieure, si tu chemines dans l’amour et ses fruits comme la paix, la bonté, la joie… tu offres de la lumière. Cela apporte de la lumière pour tous les êtres. Nous pouvons faire comme les arbres, les fleurs et les herbacées, être des purificateurs d’air. Offrir à l’air une forme de pureté. Quand nous faisons cela, c’est la grande intelligence qui respire à travers nous. Pas ton corps, ni mon corps. C’est un espace beaucoup plus vaste qui touche en nos corps l’air qui vient le visiter, et en quelques sortes le bénit. Tu te rends compte ? Nous sommes de grands magiciens. Nous pouvons apporter de la lumière dans l’air.
- Mais comment est-ce que je dois faire ?
- C’est simple. Reviens à ta nature profonde. Mets-toi en résonance avec ce qui vibre de façon haute. Ce qui vibre l’amour. Observe quand tu es arrivé comment tu étais stressé et comment par résonance tu t’es apaisé. Mets-toi en résonance. Observe aussi tes pensées. Les pensées ne sont qu’un mouvement de l’Esprit. Vois-les comme un mouvement de l’Esprit. Elles ne t’appartiennent pas. Elles sont juste un mouvement.
Et respire. Respire avec les arbres, avec les fleurs, avec la rivière, avec le soleil et la lune, avec les étoiles et les animaux, avec les esprits de la forêt… respire avec ce qui t’inspire. Ce qui te rends lumineux. Ce qui fait de toi un être d’amour. Une manifestation de l’Esprit en toute chose qui à travers toi manifeste l’amour. C’est simple. Il suffit de respirer.
Il me regarda du coin de l’œil, le regard souriant, le visage ouvert.
Je le remerciais et rentrais chez moi afin de mettre en pratique ce que je venais de recevoir. Sur le chemin du retour, au fur et à mesure que je m’éloignais d’Oriandre, les pensées revinrent en masse dans ma tête. J’ai été tenté de faire demi-tour pour bénéficier de son aura apaisante. Mais je suis rentré chez moi. Je suis resté sans rien faire, si ce n’est de regarder les pensées comme si L’Esprit regardait à travers moi. L’Esprit de toute chose regardait des mouvements. Et j’ai respiré.
Il m’a fallu un peu de temps pour que cela s’apaise naturellement, et j’ai eu la joie de pouvoir observer aussi que l’Esprit de toute chose regardait aussi à travers moi, à travers les perceptions ressenties, le calme et la paix qui augmentaient. Étrangement, j’ai senti que ce calme, cette paix, semblaient émaner de l’Esprit de toute chose. Directement. Je ne faisais que percevoir Sa Présence…
RQ : je suis persuadé que nous avons à retrouver le sens spirituel de « tribu ». Que des cercles se rassemblent pour célébrer, mais aussi pour partager, déposer ce qui momentanément nous obsède. Nous avons pour la plupart d’entre nous un besoin de pouvoir déposer sans jugement, d’observer les énergies qui nous traversent, et quand nous sommes bas en vibration (dans notre corps, nos pensées, nos émotions), revenir à une vibration haute du groupe. Les enseignements des « peuples gardiens de sagesse », comme les kogis, posent ces cercles de lumière comme un pilier d’un fonctionnement individuel ou collectif sains.
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