Je me tournais vers l’Est, la direction du soleil levant.
Je n’ai pas besoin de toi me répondit l’Est. Je n’ai pas besoin d’être aimé. Passe ton chemin.
Je me tournais vers le Sud, la direction de la lumière la plus grande, de la chaleur et des lignées ancestrales.
Je n’ai pas besoin de toi me répondit le Sud. Je n’ai pas besoin de ton attention, passe ton chemin.
Je me tournais vers l’Ouest, la direction du mystère, où le soleil voyage à l’horizon.
Je n’ai pas besoin de toi me répondit l’Ouest. Je n’ai pas besoin de tes pensées sauvages. Passe ton chemin.
Je me tournais vers le Nord, la direction du froid et de l’ombre.
Je n’ai pas besoin de toi, me répondit le Nord. Je n’ai pas besoin de ta présence, ni de ta compassion.
Je ne savais plus où me tourner. Dans quelle direction me tourner. Ni quoi faire. Ni quoi offrir au monde.
Alors je suis mort aux quatre directions. Je me suis allongé sur le sol, et je me suis abandonné à la mort.
Mon enfant, j’ai besoin de toi me dit une voix venant d’en bas. J’ai besoin de quelqu’un pour porter mon amour auprès des êtres, dans chaque direction. Laisse donc ton corps ancien. Accueille ce nouveau corps. C’est un corps de lumière. Un corps ancien greffé de lumière. Laisse la greffe prendre. Laisse la lumière de vie parcourir chaque espace de ce corps. Laisse le rayonner de ma présence.
Mon enfant, dit une autre voix venant d’en haut. J’ai besoin de toi. J’ai besoin de quelqu’un pour porter mon souffle auprès des êtres, dans chaque direction. Je te confie mon souffle de lumière. C’est un souffle précieux. Greffé de lumière. Il souffle dans ton corps, dans tes mots, et dans l’air que tu partages. Ensemence les êtres de cette lumière. Laisse ce souffle s’ensemencer dans ton corps de lumière. Dans ma présence de lumière. Et partage le dans la paix de ton cœur heureux et rayonnant.
Puis le silence est apparu. Patient. Il n’y a rien que tu puisses faire me dit-il. Rien de particulier. Porte juste la lumière. Dans ton cœur, dans tes paroles et tes pensées. Lorsque tu verras à l’intérieur de toi-même un problème, c’est ce qui en toi s’est mal greffé. Laisse le partir et tomber.
Parcours le monde.
Fais ce qui émane comme un éternel printemps. Reste spontané.
Rayonne et réchauffe le monde de ta propre chaleur, de ta propre lumière, car tu es une simple étincelle du firmament. Quand tu sentiras en toi colère, peurs, frustrations, laisse brûler en toi ce qui a été mal greffé. Sois le plus bel été.
Touche le monde avec sensibilité. Avec douceur et attention. Apprends à reconnaître la même présence derrière toute forme. Apprends à accueillir la vie et à l’aimer. Ce qui en toi rechigne, négocie, juge ou compare, laisse le retourner à la terre, laisse se composter ce qui a été mal greffé. Sois le regard et la présence aimante de la terre d’automne.
Retourne en toi. Chaque jour. Prends un temps de plonger dans ce corps. Tu y découvriras un espace habité. Laisse l’extérieur s’agiter. Reviens à l’intérieur. Chaque jour. Chaque nuit. Chaque instant. A l’intérieur puis à l’extérieur, puis à l’intérieur, et ainsi de suite. Au-dedans de toute chose, de tout ce qui est, il y a un espace intérieur. Ne t’attache pas à la superficialité. Ne t’attache ni au temps, ni aux apparences, ni aux objets. Plonge. A l’intérieur. Aussi souvent que tu le peux. Rencontre la lumière derrière ce qui parait figé. Accueille le monde depuis cet espace dépouillé.
Tu es mort. Tu as été greffé. Et tu es né à nouveau.
Plus vraiment toi. Intègre ce qui t’es donné. Il ne s’agit plus de toi.
Tu n’appartiens pas au monde des apparences. Tu es le parfum. Le rose n’est que le support éphémère du parfum. Les roses apparaissent et disparaissent, et le parfum reste. Il se déploie dans l’air lumineux. Il crée autant de roses que nécessaire. Sois le parfum. Laisse la lumière faire de toi la plus belle des roses.
Tu es parfum.
Venu de l’éternité.
Issu de la vacuité.
Accueilli dans la paix.
Tu deviens le parfum que tu as toujours été.